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couronnaient de massifs violets. Comme j’avais une bonne heure devant moi, je ne me pressais point, et j’avais pris le chemin le plus long, afin de déboucher tout droit sur la brèche pratiquée dans le mur de Salvanches.

J’escaladais les pentes raides des vignes de Polval, je m’attardais au bord des lisières où les ellébores étalaient déjà leurs inflorescences jaunâtres.

De loin en loin, des saulaies et des bouquets de bouleaux rompaient l’onduleuse monotonie de la friche. D’un vol agile, des pies aux longues queues blanches et noires passaient au-dessus de ces îlots d’arbres et filaient silencieusement dans la direction du bois. L’air était si tiède que la vapeur se condensait en gouttelettes le long de l’écorce des saules. Cette douceur fondante donnait l’illusion du mois d’avril, et, involontairement, je cherchais au pied des buissons si des violettes n’y poussaient pas déjà. Cette fausse apparence printanière exerçait son in-