Page:Theuriet – Frida.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la fugace brièveté des étincelles qui pétillaient dans la cheminée, j’aurais voulu démesurément allonger celles qui me séparaient de l’après-midi.

Heureusement, le destin se montra clément en aplanissant la principale difficulté. Mon père, séduit probablement par la douceur insolite de cette journée de décembre, annonça, dès le premier déjeuner, qu’il partirait en forêt et s’arrangerait pour dîner dans une auberge située à proximité des bois de Savonnières. Je mangeai donc seul à midi, et ma dernière bouchée avalée, tandis que Céline rangeait la vaisselle, je pus m’esquiver sans être aperçu.

L’après-dîner était à souhait. De plus en plus, les nuées s’entr’ouvraient, montrant des coins de bleu ; par les interstices des nuages, de brèves et pâles soleillées faisaient miroiter les ornières des chemins boueux ; les vignes, où des ceps noueux et noirs se tordaient ; les vergers déserts, où les arbres fruitiers emmêlaient leurs branches fines et nues ; les friches lointaines, que les bois