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souper, je ne prêtai qu’une oreille distraite aux propos de ma bonne et j’écoutai impatiemment les contes dont elle avait coutume de charmer ma veillée. J’avais hâte de me coucher, et, dès que je fus au lit, impossible de m’endormir.

Je ne pensais qu’à ma lettre exposée aux intempéries de la saison. Même, après m’être retourné en tous sens dans mes draps, je me levai ; j’allai, pieds nus, soulever le rideau de ma fenêtre et regarder le temps qu’il faisait. Je vis avec joie que la neige avait cessé de tomber.

Le ciel s’était éclairci, la lune semblait courir à travers les nuages pommelés. Ce rassérénement nocturne calma la fièvre qui m’énervait. Je me dis que le vent avait dû émietter la neige, et que d’ailleurs mon épître, posée sur le socle de la statue, était bienveillamment protégée par la nymphe elle-même, dont l’urne en surplomb formait un abri suffisant. Rassuré sur ce point, je retournai dans mon lit, et, réchauffant mes