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pus néanmoins rentrer chez nous avant la nuit. Je me faufilai en tapinois, par le jardin, jusque dans le vestibule, où je constatai que Céline, toujours affairée au fond de sa cuisine, continuait de frotter son linge, en accompagnant chaque coup de savon d’un refrain de son village qu’elle chantait à gorge déployée :

Le mariage est doux comme une fleur nouvelle,
Le mariage est doux,
Filles, mariez-vous…

Je profitai du bruit de la chanson pour monter sans être entendu dans ma chambre, y changer de chaussures, éponger ma veste avec une serviette, et je redescendis d’un air innocent achever de me sécher à la chaleur du poêle. Mais en dépit de ma mine tranquille et reposée, je ne laissais pas d’être fort inquiet en dedans.

Plus je méditais sur mon audacieuse expédition, plus j’en appréhendais les suites. Le soir, après avoir avalé silencieusement mon