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voix de rêve ; mais on y entendait nettement les musicales sonneries des cloches et, pendant la belle saison, le gazouillis des hirondelles. On y percevait aussi d’autres bruits mystérieux — craquements de boiseries, tactac d’insectes dans les meubles vermoulus, — qui me donnaient une légère chair de poule, tout en satisfaisant mon goût pour le merveilleux et l’inexpliqué.

Là, je me forgeais des romans où je jouais le principal rôle, et qui, pour moi, prenaient le relief et la couleur de la réalité ; là, je célébrais en l’honneur des fées et des divinités inconnues des cérémonies religieuses de mon invention. Je recueillais dans une soucoupe les larmes de résine qui s’agglutinaient à l’écorce des sapins, je les faisais brûler en guise d’encens et, tandis que la fumée aromatique montait en bleues spirales dans le capharnaüm, je psalmodiais gravement de cabalistiques formules d’évocation.

Désormais Frida devint l’unique fée honorée dans mon sanctuaire, et l’encens ramassé sur les