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débarras de la maison. On y reléguait les malles vides, les meubles éclopés ou hors d’usage. Il y avait de tout dans ce capharnaüm : — portraits d’ancêtres aux toiles crevées, fauteuils à l’étoffe éraillée, bouquins dépareillés, et jusqu’à une guitare sans cordes, ayant appartenu à ma grand’mère.

C’était là que je me réfugiais aux heures de loisir et que je lisais les romans de chevalerie dénichés au fond d’une poudreuse armoire. Je m’y étais ménagé près de la croisée une sorte de retrait masqué par un pan de vieille tapisserie. J’y avais installé un tabouret, une table boiteuse, et je l’avais décoré à ma façon avec des images d’Épinal, des nids d’oiseaux trouvés dans le jardin, un carquois et des flèches de sauvages rapportés jadis par un oncle qui avait été « aux Îles ». Je me plaisais fort en ce recoin ignoré où personne ne venait me déranger. Par les vitres irisées de la fenêtre, on apercevait un coteau de vignes et les maisons en amphithéâtre de la ville haute. Les cris de la rue n’y montaient que comme des