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blanche image me hantait du matin au soir. Mon amour, à la vérité, s’alimentait pour une bonne part des ressouvenirs de mes lectures, et l’imagination y jouait son rôle. Mais ce n’était point uniquement un amour de tête ; il y entrait d’autres éléments. Frida m’avait séduit non seulement par la façon toute romanesque dont j’avais fait sa connaissance, mais aussi par la joliesse de son visage, la grâce de ses manières, l’éclat souriant de ses yeux. Tout en restant très chaste, ma tendresse n’était pas exempte d’une inconsciente sensualité. J’étais hanté par un confus désir de la serrer dans mes bras et de poser mes lèvres sur ses joues d’un rose pâle, pareilles à des fleurs d’églantier.

Troublé comme je l’étais par ces émotions toutes neuves, on se figure aisément que je n’apportai le lendemain qu’une attention médiocre à la leçon de M. Berloquin.

Cet homme pieux et rogue, aux mâchoires massives, aux yeux ronds et durs comme des billes,