Page:Theuriet – Frida.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ou leurs fillettes éprouvent à l’état rudimentaire les désirs et les sentiments amoureux qui agitent les grandes personnes. Ils n’auraient cependant, pour se rendre compte de l’état psychologique de leur progéniture, qu’à se rappeler ce qu’ils sentaient eux-mêmes dès leur dixième année. Mais voilà… Nous sommes tous enclins à penser que nous étions des créatures d’exception et que ce qui nous arrivait ne peut arriver à d’autres. Tout au plus, si parfois les papas et les mamans, s’apercevant de quelque passionnette éclose dans le cœur du petit monde, ils se bornent à en rire et à traiter la chose d’enfantillage. — Pour les enfants, il n’y a point d’enfantillage. — Leurs rêves, leurs tentations, leurs peines ou leurs plaisirs sont aussi sérieux que les nôtres et prennent, à leurs yeux, une importance aussi capitale que nos propres émotions.

J’étais rentré chez nous très amoureux de Frida. La mignonne nièce des demoiselles du Kœler occupait despotiquement ma pensée. Sa