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l’ennemi ; retournez à Su-Tchéou, commandant, vous et vos collègues.... » Quittant aussitôt le passage, Kong obéit, et Teng montant sur le rempart, alluma le feu. Liu-Pou, qui comptait sur les ténèbres, s’avança avec ses troupes ; mais celles de Tsao (averti lui-même par la lettre de la veille) étaient déjà maîtresses du point fortifié. Les divisions de Sun-Kouan et de Ou-Tun, prises à l’improviste, se dispersent ; au milieu de l’obscurité, les soldats de Tchin-Kong, rencontrant ceux de Liu-Pou, ne les reconnaissent pas ; il s’en suit un combat acharné qui dure jusqu’au jour[1].

Ce fut alors que Liu-Pou vit clairement le piège dans lequel il était tombé ; il prit donc avec Tchin-Kong la route de Su-Tchéou. Mais quand il crie qu’on ouvre les portes, une grêle de flèches pleut sur lui du haut des remparts. My-Tcho, qui se tenait sur la plate-forme de l’une des portes, répond d’une voix indignée : « Tu as volé cette ville à mon maître ; aujourd’hui elle retourne a celui qui la possédait autrefois ! — Où est Tchin-Kouey, demanda Liu-Pou tout surplis ? — Le vieux brigand est mort, je l’ai décapité[2] ! —Mais, reprit Liu-Pou en se tournant vers Kong, où est Teng, où est-il allé ? — Seigneur, répondit ce fidèle mandarin, à quoi bon vous obstiner dans l’erreur et chercher encore ce scélérat qui vous a trompé ! »

En vain, Liu-Pou parcourut-il tous les rangs de son armée en demandant Tchin-Teng ; il lui fallut se retirer avec Kong dans la direction de Siao-Pey. Sur sa route il rencontre deux de ses divisions, celles de Kao-Chun et de Tchang-Liéao. — « Où allez-vous, leur crie-t-il ? — Tchin-Teng nous a donné avis que vous étiez dans une situation désespérée, répondirent lés deux généraux,

  1. Il y a quelque embarras et même un membre de phrase inutile dans ce passage du texte chinois. Le tartare-mandchou est plus clair et plus conforme à la petite édition in-18. Au lieu de Teng, il a mis le mot Kong, qui est la véritable leçon.
  2. Ceci était un mensonge, comme on le verra plus bas : il veut faire croire à Liu-Pou qu’il n’a pas été trahi par les deux mandarins, afin de détourner ses soupçons et de laisser à Tchin-Teng le temps de bien accomplir ses projets. On se rappelle que Liu-Pou avait enlevé cette ville à Hiuen-Té ; voir vol. Ier, livre III, chap. V.