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dans les provinces orientales[1] ; en toutes choses il s’en est remis à vous. Liu-Pou approche du moment de sa ruine ; voici l’occasion de lui porter le dernier coup ? — Mon père, reprit Teng, je vais m’occuper des affaires du dehors ; si Liu-Pou rentre ici après une défaite, dites à My-Tcho[2] de fermer les portes de la ville, et de lui en refuser l’entrée ; quant à sortir moi-même de ces difficultés, j’en trouverai le moyen. — Toute la famille de Liu-Pou est dans ces murs ; il doit avoir ici des partisans dévoués, et en grand nombre...... — J’ai un projet, laissez-moi faire ! »

Déjà Liu-Pou se préparait à partir ; Teng lui dit : « L’ennemi menace de toutes parts les murailles de cette ville ; certainement Tsao nous attaquera à outrance. Croyez-moi, général, faites transporter vos trésors et vos vivres dans Hia-Pey. Si la ville de Su-Tchéou succombe, vous aurez au moins la un asile, une place approvisionnée où vous pourrez tenir encore.— Excellente idée[3], répliqua Liu-Pou ; je vais y envoyer à l’instant ma propre famille ! » Les généraux Song-Hien et Oey-Siéou eurent ordre de protéger, dans leur émigration, tous les parents de Liu-Pou ; les grains et les fourrages, l’or et l’argent, les étoffes précieuses, furent transportés sur des bateaux à Hia-Pey.

Ces dispositions prises, Liu-Pou se mit en marche pour aller secourir le passage attaqué ; à moitié chemin, Teng lui dit encore : « Laissez-moi courir en avant, afin que j’observe les démarches de Tsao ; et vous, général, venez tout doucement derrière moi !.. — Pourquoi cela ? — Parce que votre lieutenant Sun-Kouan et ses trois collègues ont d’assez mauvaises intentions ; il ne faut guère se fier à ces gens-la ! »

« Teng, mon ami, s’écria Liu-Pou, vous m’êtes bien utile ; allez, allez !» Et il l’envoya aussitôt vers le passage. Bientôt

  1. Voir plus haut, pages 28 et 52.
  2. My-Tcho, surpris dans Siao-Pey où il protégeait la demeure et la famille de Hiuen-Té, avait été emmené à Su-Tchéou avec tous ceux qui étaient confiés à sa garde. Voir plus haut, page 73.
  3. Le petit nom de Tchin-Teng est Youen-Long ; littéralement : « Les paroles de Youen-Long sont excellentes. »