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qu’il avait montré, il lui envoya par Sun-Kien cent pièces d’or. Hiuen-Té venait de raconter à Tsao tous ses malheurs et la tragique aventure de la veille.

Après leur défaite, deux lieutenants du premier ministre s’étaient retirés à Tsy-Pé ; quand celui-ci approcha de leur camp, l’un d’eux, Héou-Youen, vint à sa rencontre avec tous les soldats de sa division, et lui dit que son frère Héou-Tun souffrait beaucoup de sa blessure à l’œil. Tsao alla lui-même voir le malade et voulut qu’on le ramenât aussitôt à la capitale, afin qu’il pût y être convenablement soigné.

Les espions, chargés de recueillir des nouvelles sur les mouvements de Liu-Pou, rapportèrent qu’il avait envoyé Tchin-Kong et Tsang-Pa rassembler les brigands des montagnes avec lesquels ils devaient menacer Yen-Tchéou. Mettant sous les ordres de (son parent) Tsao-Jin, trois mille hommes qui devaient lui servir à ressaisir la place de Siao-Pey, le premier ministre prit avec lui Hiuen-Té et une armée de deux cents mille soldats, pour aller attaquer Liu-Pou en personne. Dès son arrivée au passage fortifié de Siéou-Kouan[1], il le trouva gardé par une division de trente mille combattants, que commandaient quatre généraux ; en un instant ce nombreux corps d’armée fut dispersé ; un héros de l’armée impériale, Hu-Tou, avait à lui seul fait reculer les quatre chefs. Tsao-Tsao avança rapidement sur ses pas et parvint au pied même du passage ; là il apprit que Liu-Pou était retourné dans son chef-lieu de Su-Tchéou.

Or ce dernier, voulant aller secourir son premier général KaoChun, confia la défense de sa principale ville à Tchin-Kouey, et emmena avec lui le fils de ce dernier, Tchin-Teng (les deux mandarins qui cherchaient à le perdre). « Autrefois, dit Kouey à son fils, son excellence Tsao vous a chargé de conduire les affaires

  1. Voir sur ces passages fortifiés la note du vol. Ier, page 316. Les quatre généraux de Liu-Pou sont Sun-Kouan, Ou-Tun, Yn-Y et Tchang-Hy ; les détails du combat sont abrégés. Dans ce morceau, il n’y a de vraiment digne d’intérêt que la trahison de Tchin-Kouey et de son fils Tchin-Teng, opposée à la fidélité inébranlable de Tchin-Tong. Puisse la similitude d’une partie de ces noms doubles ne pas décourager et troubler le lecteur.