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combat les divisions de Liu-Pou ; Kao-Chun s’avança à cheval en l’injuriant, et Héou-Tun transporté de colère accepta le défi. Cinquante fois ils s’attaquèrent ; enfin, incapable de résister plus longtemps, Kao-Chun prit la fuite, et tourna autour des rangs, ne sachant par où se glisser au milieu des siens. Son ennemi le poursuivait toujours sans le lâcher, quand tout à coup un officier sortit des lignes de Liu-Pou ; c’était Tsao-Seng. Il lance son cheval au galop, tend son arc, y pose la flèche et le trait va percer l’œil gauche de Héou-Tun qui passait près de lui.

Héou-Tun arrache la flèche et avec elle la prunelle de son œil, puis il s’écrie à haute voix : « Ce qui a été formé du sang de mon père et de ma mère ne doit pas être perdu !.. » Il avale son œil, et cesse de poursuivre Kao-Chun, pour s’attacher à celui qui l’a blessé ; d’un coup de lance il le renverse expirant aux pieds de son cheval ; cela fait, il rentre dans les rangs.

Dans le combat que donna Liu-Pou avec toutes ses troupes, l’armée impériale fut complètement battue ; tandis que Hia-HéouYouen suivait son frère si grièvement blessé, les généraux vaincus (Liu-Kien et Ly-Tien) allaient, avec leurs soldats en déroute, camper en un lieu nommé Tsy-Pé.


II[1].


Aussitôt Liu-Pou, revenant sur ses pas, attaqua le camp de Yun-Tchang, tandis que Tchang-Liéao et Kao-Chun attaquaient celui de Tchang-Fey. Hiuen-Té divisa ses troupes en deux corps pour secourir les deux points menacés ; mais les soldats de ses lieutenants étaient déjà en déroute ; lui-même, suivi de quelques cavaliers, il retourna vers sa ville de Siao-Pey. Liu-Pou, qui le suivait de près, arriva aussitôt que lui ; de sorte que quand il parut sous les murs de la place, et cria qu’on lui ouvrît les portes, ses gens n’osaient lancer des flèches d’en haut dans la crainte de le blesser lui-même, quelque envie qu’ils eussent de repousser l’ennemi. Profitant de cette occasion, Liu-Pou se jette aussi dans

  1. Chapitre VII, page 105, verso du texte chinois.