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rougissent de leur faiblesse ; ils se sentent humiliés et opprimés dans la personne du Souverain. Le jeune prince qui a retrouvé dans Liéou-Hiuen-Té, — alors retiré à la capitale, — un parent et un ami fidèle, devine confusément le parti qu’il peut tirer de celui-ci contre le ministre arrogant qui convoite le trône. Le petit Empereur, longtemps éclipsé, reparaît sur la scène. Un rayon passager vient éclairer au fond du palais le groupe de mandarins loyaux qui conspirent avec le Souverain : triste spectacle que l’auteur chinois a su rendre touchant et dramatique, en opposant à la majesté inséparable de la personne impériale, les misères d’une cour abandonnée à la merci d’un ministre trop puissant.

La découverte du complot amène le supplice des conjurés, l’assassinat d’une des femmes de l’Empereur et la séquestration du Souverain lui-même. Par ses cruelles vengeances, Tsao-Tsao a épouvanté les grands ; averti pour l’avenir, il s’entoure d’une garde particulière et se fortifie de toute l’autorité qu’il enlève au représentant des Han. Déjà Hiuen-Té a pris la fuite ; après l’Empereur, dont la personne sacrée conserve encore une ombre de prestige, il est désormais le plus redoutable adversaire de Tsao-Tsao ; celui-ci ne tarde donc pas à l’attaquer avec des forces considérables. Vaincu sur tous les points, Hiuen-Té se réfugie près de Youen-Chao qui a hésité à le secourir ; ses compagnons d’armes se dispersent, et le plus héroïque d’entre eux, Yun-Tchang (nommé aussi Kouan-Kong), son premier frère adoptif, est réduit à se remettre aux