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troisième à la mémoire de son neveu et de son fils, morts dans la même circonstance, puis un autre[1] à l’ombre de son cheval qui avait péri en ce lieu d’un coup de flèche ; enfin il fit des cérémonies pareilles en souvenir de tous les soldats que l’ennemi avait tués dans cette déroute. Le camp entier retentit des gémissements sans fin de l’armée ; les troupes attristées ne pouvaient s’arracher de ce lieu funèbre.

Ce fut alors qu’un courrier[2] vint annoncer les mesures prises par Tchang-Siéou et Liéou-Piao, pour empêcher la retraite de l’armée impériale. À ce message Tsao répondit « que bien que l’ennemi l’eût laissé se retirer paisiblement pendant quelques milles, il savait qu’il serait poursuivi ; en conséquence ses plans étaient déjà arrêtés, et il promettait de battre Tchang-Siéou, dès qu’il arriverait à Ngan-Tsong. Il n’y avait donc rien à craindre. »

A peine Tsao arrivait-il sous les murs de Ngan-Tsong, que Liéou-Piao s’y trouvait déjà à la tête de ses troupes, gardant le défilé, tandis que Tchang-Siéou paraissait derrière l’armée impériale qu’il poursuivait. Au milieu de la nuit, le ministre envoie ses soldats ouvrir des passages dans les lieux fourrés ; dès que la route est libre, il y place du monde en embuscade. Le jour commençait vaguement à poindre, quand les deux généraux ennemis, voyant Tsao avec une petite armée, supposèrent qu’il allait fuir devant eux ; ils se lancèrent en même temps dans l’étroit passage. Les gens placés en embuscade se précipitèrent sur eux ; Tsao se trouva maître du défilé et campa. Au même instant, un autre courrier, dépêché de la capitale par Sun-Yo, lui remit une lettre ainsi conçue :

« Les gens arrivés tout récemment du Ky-Tchéou m’ont

  1. Cimon, père de Miltiade fit enterrer, devant sa propre tombe, ses chevaux qui avaient gagné trois fois les prix aux jeux olympiques. On connaît l’attachement d’Alexandre-le-Grand pour son cheval de bataille Bucéphale, en l’honneur duquel il fonda dans les Indes la ville de Bucéphalie ; un empereur romain fit son cheval consul, mais c’est une idée toute chinoise d’offrir un sacrifice aux mânes d’un animal.
  2. Il était dépêché par Sun-Yo qui gardait la capitale.