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Quand il vit les provisions entièrement consommées, Tsao publia dans le camp que si, sous trois jours, la ville n’était pas enlevée, il décimerait les troupes. S’étant lui-même approché des remparts, il ordonna aux soldats d’apporter des pierres et de la terre pour combler les fossés. Deux officiers subalternes qui arrivaient au pied même de la muraille, effrayés de la grêle de traits et de cailloux qu’on leur lançait d’en haut, s’enfuirent précipitamment ; Tsao leur abattit la tête, sauta à bas de son cheval et se mit à jeter lui-même de la terre dans les fossés. À cette vue tous les officiers, quel que fût leur grade, rivalisèrent de zèle ; l’armée reprit courage, tandis que du haut du mur les assiégés regardaient ces préparatifs avec terreur. La nuit suivante, les soldats attaquant la place à l’envi les uns des autres, elle fut prise. Trois des généraux chargés de la défendre (Ly-Fong, TchinKy et Liang-Kang), tombèrent vivants entre les mains du vainqueur qui les fit décapiter devant toute l’armée, et livra aux flammes le palais du faux Empereur.

Sans plus tarder, Tsao voulait poursuivre Youen-Chu sur l’autre rive du Hoey ; mais son conseiller Sun-Yo l’arrêta par les représentations suivantes : « Dans cet espace étroit[1] où tant de gens sont réunis, la famine se fait sentir ; une seconde campagne harassera les troupes et ruinera le peuple. En cas de revers, nous ne pourrons battre en retraite commodément ; retournons donc à la capitale ; au printemps prochain, une récolte plus abondante nous permettra d’approvisionner l’armée et d’accomplir de nouveaux projets. » Tsao hésitait encore à prendra ce parti, quand il y fut décidé par des événements imprévus que des courriers lui annoncèrent.

Tchang-Siéou s’étant intimement lié avec Liéou-Piao (qui lui avait prêté asile après sa défaite, comme on l’a vu plus haut), toutes les villes des provinces de Nan-Yang et de Tchang-Ling venaient de lever l’étendard de la révolte. Tsao-Hong (parent du premier ministre), plusieurs fois battu et hors d’état de se maintenir dans ces pays dont il était gouverneur, craignait que

  1. Littéralement : dans ces dix districts…., etc.