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vers les provinces méridionales, se sont décorés du titre d’Empereur[1] ; mais ils n’ont pas réussi à fonder des dynasties. On ne peut pas, pour obéir à un simple caprice, s’élever au rang suprême. — Cinquième point.

» Notre jeune prince n’est ni léger, ni dénué de réflexion ; si l’on éloignait de lui ceux qui l’oppriment, si on chassait ceux qui font obstacle à l’exercice de son autorité, certainement il ferait renaître la morale du milieu de l’Empire. Celui qui le replacerait dans une situation aussi florissante qu’était celle de Tching-Wang des Tchéou, acquerrait une renommée égale à celle de Tchéou-Kong-Tan, et de Chao-Kong-Chy[2] ; tel est le rôle auquel devait aspirer votre seigneurie. Si notre petit Empereur avait quelqu’un qui le tournât vers le bien, qui tint ses regards attachés sur l’histoire, qui recherchât les bonnes qualités dans ceux qui l’entourent, on verrait se continuer la dynastie des Han, et s’affermir de nouveau l’autorité de leur race. Celui (qui prendra ce rôle) doit s’attendre à voir ses glorieux services écrits sur l’or et sur la pierre, sa propre image conservée en peinture pour la postérité ; son beau nom ne périra jamais ; la musique perpétuera sa mémoire dans les chants historiques. Voilà ce à quoi vous renoncez ! Quand on accomplit une chose difficile, si l’on considère l’éclat qui la suit, certainement on ne perdra pas patience ! — Sixième point.

» Être ministre sous cinq règnes, c’est jouir d’un grand pouvoir, d’une grande autorité, avoir dans l’Empire une position qu’aucune autre n’égale. Être mandarin fidèle et probe, c’est demeurer nuit et jour attentif à ses devoirs, pour veiller au maintien d’une dynastie chancelante et soutenir dans le péril

  1. Le texte chinois dit seulement : se sont appelés eux-mêmes l’orphelin, mot par lequel l’Empereur se désigne lui-même quand il parle. Il y a un moi particulier, dans le style cérémonial de la Chine, à peu près pour toutes les classes.
  2. Voir sur Tchéou-Kong, la note du vol. Ier, page 311 ; sa vie est donnée très au long dans le vol. III des Mémoires sur les Chinois, page 34. Chao-Kong était frère et fut ministre de Wou-Wang.