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révolutions de ce siècle, celui qui veut faire de formidables armements pour se mettre en évidence, court au devant des plus grands malheurs. — Troisième point.

» Sur la terre, on ne doit pas se jouer des esprits ni profaner les vases des sacrifices[1] ; il faut que le ciel prête son secours aux forces de l’homme. A la fin du règne des Yn, un faucon blanc annonça les hautes destinées de Tching-Tang ; à la fin de la dynastie des Tchéou, un oiseau rouge merveilleux fut le précurseur de Wou-Wang ; le premier des Han, Kao-Tsou, fut signalé par l’apparition d’un groupe d’étoiles, et quand Kwang-Wou (de la même famille impériale) vint au monde[2], on vit une grande clarté pareille à celle que répandrait un esprit. Dans ces divers cas, le peuple gémissait impatiemment sous le joug d’un Kié et d’un Chéou, il était opprimé par les exactions d’un Chi-Hwang-Ty et d’un Wang-Mang ; ce fut donc là le motif qui porta ces grands hommes à chasser des souverains iniques, et ils réussirent dans leurs desseins. Mais aujourd’hui l’Empire n’a point de plaintes à porter contre notre jeune Empereur ; jusqu’ici on n’a point vu de présage surnaturel qui désignât quelqu’un à l’Empire ; quel prétexte plausible peut-on avoir de monter tout à coup sur un trône, de s’arroger subitement un titre si élevé ! — Quatrième point.

» Les honneurs de l’Empire, les richesses du monde, qui ne désire les posséder ? Mais la justice défend de se les approprier ; la droiture défend de s’en emparer. Jadis Tchin-Ching, Hiang-Tsy, Wang-Mang, Kong-Sun-Chu[3], en se tournant

  1. On a vu plus haut que Youen-Chu sacrifiait au ciel et à la terre ; cérémonies réservées au légitime souverain.
  2. Ces mots, à la naissance de, sont ajoutés par l’interprète tartare ; Pantchirédé. Remarquons en passant que l’idiome mandchou n’a qu’un mot pour rendre l’idée de présage, ferketchoun, que le chinois exprime quatre fois de suite par des caractères différents. Dans les Mémoires sur les Chinois, on trouve les portraits de la plupart de ces célèbres Empereurs.
  3. Kong-Sun-Chu se révolta sous Kwang-Wou-Ty, l’an 30 de notre ère ; Wang-Mang s’empara de la couronne l’an 14 de notre ère, au préjudice de Jou-Tseu-Yng.