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volontés manifestes du ciel. Mon dessein est irrévocablement arrêté ; si quelqu’un parmi vous s’obstine à le combattre, sa tête tombera. »

Il donna aux années de son règne le nom de Tchong-Chy, nomma des censeurs et des inspecteurs de provinces, monta sur un char aux armes du dragon et du phénix, offrit des sacrifices au Ciel et à la Terre (ce que les empereurs légitimes avaient seuls le droit de faire), et décora sa fille Fong-Chy du titre de princesse. Dans l’intérieur de son palais, il eut par centaines de belles jeunes filles vêtues de riches étoffes de soie brochées d’or et d’argent, se fit servir dans des vases d’or et de jade, et se nourrit des mets les plus recherchés. Enfin, quand il se fut conféré à lui-même tous les insignes de la royauté, il éleva son fils au rang d’héritier présomptif, et ce fut alors qu’il dépêcha vers Liu-Pou, pour lui demander sa fille et célébrer le mariage projeté, l’émissaire (dont nous avons parlé plus haut). Sur ces entrefaites lui arriva la nouvelle que le premier négociateur, Han-Yn, emprisonné d’abord, venait d’être livré à Tsao, qui lui avait fait trancher la tête ; on lui apprit aussi que Liu-Pou[1] avait reçu de la cour un grade élevé, et, dans sa colère, il nomma Tchang-Hiun général en chef de ses armées. A la tête de deux cents mille hommes, formant sept divisions, il résolut d’attaquer Liu-Pou et de se venger.

L’un de ses officiers, King-Chang (gouverneur civil de Yen-Tchéou), qu’il voulut élever au rang de premier ministre d’état, et nommer ordonnateur des vivres des sept divisions en campagne, ayant refusé d’accepter ces honneurs et ces charges, il le fit décapiter.

Cependant les sept divisions étaient en marche ; Ky-Ling eut ordre de s’y joindre en qualité de chef des troupes auxiliaires ; Youen-Chu avait pour lieutenants et sous ses ordres immédiats trois autres généraux, Ly-Fong, Liang-Kang et Yo-Tsiéou. Les éclaireurs envoyés par Liu-Pou revinrent lui

  1. Si on traduisait les quatre caractères qui forment le titre accordé à Liu-Pou, ils signifieraient : général chargé de pacifier les provinces orientales.