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CHAPITRE III.


Youen-Chu se déclare empereur et attaque Liu-Pou.


[Règne de Hiao-Hien-Ty. Année 198 de J.-C] Établi à Hoay-Nan[1], au milieu d’une province vaste et abondante en grains, Youen-Chu avait empli ses trésors à force d’opprimer le peuple, et comme de plus il possédait le sceau de jade, laisse en gage entre ses mains par Sun-Tsé[2], il ne tarda pas à se déclarer Empereur. Quand tout fui prêt, le palais, le char d’apparat, le bonnet et les splendides habits, insignes du souverain pouvoir, il convoqua tous les grands de son nouvel empire, et leur dit : « J’ai vu dans l’histoire que le fondateur de la dynastie des Han n’était que le chef d’un petit village du Ssé-Chang ; cependant il a assuré à sa postérité un règne de quatre siècles. Aujourd’hui, cette famille a fait son temps ; les Liéou[3] n’ont plus ni force ni vertu ; toute la terre est en proie à l’anarchie[4]. Depuis quatre générations, les Youen jouissent du rang de seigneurs feudataires de première classe[5] ; ils ont sous leur

  1. Aujourd’hui le Yang-Tchéou dans le Kiang-Nan.
  2. Voir vol. Ier, page 264.
  3. Liéou est le nom de famille des Han ; voir vol. Ier, page 336 ; et la vie du fondateur de la dynastie Liéou-Pang, au vol. III, page 51, des Mémoires sur les Chinois.
  4. Littéralement ; la marmite bout avec violence, ou comme l’exprime l’interprète tartare, l’empire est tout entier en effervescence comme une eau qui bout. Les Chinois affectionnent ces comparaisons à l’antique, tirées des détails de la vie privée.
  5. C’est-à-dire la dénomination de Kong, la première des cinq classes de princes tributaires qui, aux temps anciens, recevaient des empereurs la tablette d’ivoire. Voir Hist. gén. de la Chine, tome Ier, pages 79 et 267.