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Ce fut avec une grande joie que Tsao-Jin accueillit leur proposition. Mais les soldats, chargés de garder les frontières du district de Sin-Yé, vinrent en toute hâte avertir Hiuen-Té qui consulta son nouveau mandarin Tchen-Fo.

« Si l’ennemi vient, répondit le conseiller, ne le laissez pas franchir la frontière : mais, détachez en avant trois corps sous le commandement de vos deux frères d’armes (Kouan-Kong et Tchang-Fey) et de Tsé-Long. Le premier, prenant par la gauche, arrêtera l’ennemi dans sa marche ; le second, s’avançant par la droite, se préparera à lui couper la retraite ; le troisième, guidé par vous, se jettera entre les deux divisions pour charger. Par ce moyen,vous êtes sûr de mettre la main sur les deux chefs ennemis. » Empressé de suivre ce plan, le héros détache aussitôt les deux généraux désignés, après quoi, emmenant avec lui le conseiller Tchen-Fo, ainsi que Tsé-Long, il sort des passages avec deux mille hommes. A peine a-t-il fait quelques pas, qu’il voit une épaisse poussière s’élever derrière la montagne : ce sont les deux frères Liu qui arrivent, suivis de leurs cinq mille soldats. Les deux armées vont en venir aux mains, quand Hiuen-Té, à cheval au pied du grand étendard, s’écrie à haute voix : « Qui êtes-vous donc, vous qui avez osé envahir mes frontières ? »

« Je suis le grand général Liu-Kwang, répond l’aîné des deux frères ; un ordre de son excellence me prescrit de m’emparer de ta personne ! »

« Et quelle faute ai-je commise ? »

« Tu es un traître, rebelle aux Han..., et nous te ferions grâce ! »

Hiuen-Té transporté de colère lance contre lui Tsé-Long. Le combat ne dure pas longtemps ; le jeune guerrier a bientôt fait rouler son ennemi dans la poussière. En vain Liu-Tsiang veut fuir avec sa division ; un corps de troupes se lève près de lui, commandé par un général qui se précipite hors des rangs en brandissant un cimeterre recourbé. On a reconnu Kouan-Kong ! Il fend les lignes ; les soldats de Liu-Tsiang décimés par lui se retirent en pleine déroute. Le guerrier les suit de près, les harcèle, et à quelque distance de là, un autre corps leur