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« A-t-il des compagnons, des amis ; où habite-t-il ? »

« Il a pour compagnons Pang-Té-Kong et Pang-Tong, originaires de ce pays de Hiang-Yang, et habite près d’ici une cabane au milieu d’un bois. »

« Et ces deux hommes que tu viens de nommer, que sont-ils ? »

« Le premier est l’oncle du second ; celui-ci est plus jeune de cinq ans ; celui-là plus âgé de dix ans que mon maître[1]. Un jour que mon maître était occupé, dans son enclos, à cueillir des feuilles de mûrier, Pang-Tong le rencontra et s’assit à l’ombre à ses côtés ; depuis le matin jusqu’au soir ils restèrent à converser ensemble, sans se fatiguer, prenant pour texte l’élévation et la chute des dynasties, si bien que mon maître, charmé de ce jeune sage, l’appela son frère cadet. »

La-dessus, Hiuen-Té se fit connaître au petit pâtre et le pria de le conduire vers son maître. A peu de distance de là, ils se trouvèrent devant une chaumière ; le héros, descendu de cheval, entendit le son mélodieux d’un luth, et fit signe à son guide de s’arrêter. Mais, bien qu’il n’eût pas voulu entrer, le luth cessa tout-a-coup de vibrer, puis un homme sortit en souriant : « Mon instrument rendait un son clair et vibrant, dit-il, quand tout-à-coup il a passé dans un mode qui est celui des batailles et du carnage. Certainement il y a la un héros qui m’écoute furtivement[2] ! » Frappé de surprise, Hiuen-Té regarde le sage ; c’était

    forme carrée et la forme ronde. Dans un miroir on peut voir les mânes des morts. » Note (très peu satisfaisante) de l’édition in-8o. Il s’agit de la divination au moyen de l’eau, expliquée ainsi dans la Chine de l’abbé Grosier : « Tantôt ils (les Tao-Ssé) font paraitre successivement, sur la surface d’un bassin plein d’eau, toutes les personnes d’une maison ; ils y font remarquer, comme dans un tableau magique, les dignités futures auxquelles seront élevés ceux qui embrasseront leur secte. » (Tome IV, page 443.)

  1. Leurs surnoms Chan-Min et Ssé-Youen.
  2. Pour comprendre ces idées sur les propriétés du luth, voir le Luth brisé, dans le recueil de Contes et Nouvelles traduit du chinois. À ce propos, l’édition in-18 donne la note suivante : « Entre le galop des chevaux, le mugissement des flots écumeux qu’il venait d’entendre, et le son de cette flûte, les accents de cet instrument à cordes, quelle différence, quel contraste ! »