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du terrain envahi par les gens de Tchang-Siéou. Son neveu, Tsao-Min, le suivait seul et à pied ; avant qu’il eût atteint le bord de la rivière Yu, une flèche lui perça l’épaule droite ; trois autres traits blessèrent son cheval qui galopait toujours. Les brigands, acharnés à sa poursuite, le joignirent sur la rive même ; et Tsao-Min, serré de près, tomba, mis en pièces par mille coups de sabre. Tout épouvanté, Tsao-Tsao précipite son coursier dans la rivière ; au moment où il gravit le bord opposé, l’animal reçoit dans l’œil une flèche qui le renverse et le tue. Tsao-Ngan (fils aîné du premier ministre) sauve la vie à son père en lui donnant une autre monture ; mais il périt lui-même sous une grêle de traits. Le jeune héros et le cheval frappés à mort furent engloutis dans les flots de la rivière.

Cependant Tsao-Tsao échappe à l’ennemi ; des généraux qu’il rejoint en fuyant lui apprennent qu’il doit son salut au dévouement de Tien-Wei. Tchang-Siéou le harcelait toujours à la tête des siens, et un nouvel incident vint ajouter aux inquiétudes que lui causait cette poursuite[1]. Les soldats du Tsiog-Tchêou, incorporés dans la division commandée par Hia-Héou-Tun (l’un des meilleurs officiers de Tsao), ayant pillé et maltraité la population, un chef militaire de district, Yu-Kin, résolut de leur barrer le chemin, pour faire cesser les malheurs qui affligeaient les habitants. Aussitôt ces pillards revinrent vers Tsao-Tsao, et se jetant à ses pieds avec des larmes, lui dirent que Yu-Kin s’était aussi révolté, et qu’il les décimait en les poursuivant. Par bonheur, le premier ministre se vit bientôt entouré de ses principaux lieutenants, et il leur annonça cette fâcheuse nouvelle. Héou-Tun se mit en devoir de résister à Yu-Kin ; mais celui-ci, voyant Tsao en personne devant lui, arrêta ses troupes ; puis se contentant de les ranger en lignes et de faire lancer quelques flèches, il creusa un fossé pour se fortifier, et

  1. La phrase chinoise a été retournée pour établir une transition qui manque dans l’original. Le nom du district est Ping-Lou ; les lieutenants sont Hia-Héou-Tun, Hu-Tchu, Ly-Tien, Yo-Tsin (voir vol. Ier, page 204, et passim). Cet incident, qui déjà embarrasse un peu le récit, est trop rempli de noms propres ; il a fallu en rejeter quelques-uns dans les notes.