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préparé, et que Tsé-Long, par précaution, eut soin d’entourer avec ses trois cents soldats : le jeune guerrier lui-même, revêtu de sa cuirasse, et le sabre au côté, se tint constamment à portée de secourir son maître.

« Mon père, empêché par une indisposition réelle, ne pourra assister à cette fête, dit Liéou-Ky[1] ; je viens en son nom inviter mon vénérable oncle à la présider en son absence. Ce sera pour tous les mandarins qui gouvernent les districts de la province un bonheur de recevoir de sa bouche des félicitations et des encouragements. — De mon propre mouvement, répondit Hiuen-Té, je n’oserais accepter cet honneur, mais les volontés de mon frère adoptif sont des ordres pour moi ! »

Le lendemain, on annonça l’arrivée des gouverneurs des quarante-deux villes comprises dans les neuf districts (soumis à Liéou-Piao), et Tsay-Mao courut dire à Kouay-Youé[2] : « Hiuen-Té est le héros du siècle ; un jour il causera la ruine de notre pays ; voici l’occasion de nous défaire de lui. — Je craindrais de nous aliéner le peuple et les troupes, objecta le mandarin ; n’en faites rien ! — Mais j’ai déja parlé secrètement de cette affaire avec Liéou-Piao. — Dans ce cas, au moins, prenez bien vos mesures ! »

Elles étaient bien prises ; Tsay-Mao, comme il le lui expliqua, avait apposté à la porte de l’est, sur la grande route des monts Hien-Chan, cinq mille hommes commandés par son jeune frère Tsay-Ho ; trois mille hommes aux ordres de Tsay-Tchong occupaient la route ouverte devant la porte du sud. Celle du nord était gardée par un autre de ses frères cadets nommé Tsay-Hun, qui avait avec lui trois mille soldats : « Quant à la porte de l’ouest, ajouta-t-il, il n’est pas besoin de l’occuper : elle est très suffisamment défendue par la rivière Tan-Ky ; eût-il cent mille soldats avec lui, je le mettrais bien au défi de la franchir. »

« Je remarque que Tsé-Long ne le quitte pas d’un instant,

  1. Le fils aîné de Liéou-Piao. Il appelle le héros son oncle, parce que celui-ci a échangé avec son père le nom de frère.
  2. Voir plus haut, page 389.