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ponts volants pour les réunir en l’air à une certaine élévation, ainsi, dans sa pensée, le dragon et le phénix (ces deux emblèmes de la majesté impériale) rendaient hommage au petit oiseau. Deux années devaient suffire à l’achèvement de ce travail. « Tu as raison, mon enfant, répondit Tsao-Tsao avec joie, cet édifice une fois achevé me réjouira dans mes vieux jours ! »

Ce jeune fils du premier ministre (son nom Tsao-Tchy, son surnom Tsé-Kien) était doué d’une intelligence précoce. A dix ans il excellait à écrire des compositions littéraires, et connaissait les livres canoniques. Qu’il s’agît de dialogues sur la morale, de vers ou d’art militaire, il pouvait tracer dix mille caractères sans faire une seule faute. Quand il avait achevé une composition littéraire, il était dans l’habitude de la présenter à son père qui lui répondait : « Tu es un enfant hors ligne ! Et l’enfant reprenait : Les paroles en sortant de la bouche forment un discours ; le pinceau en s’abaissant trace une composition littéraire ; regardez-moi bien en face !.. en quoi suis-je supérieur aux autres ? » Tsao aimait donc beaucoup ce jeune fils. On se rappelle qu’a la déroute qui suivit l’expédition contre Tchang-Siéou[1], il en perdit un du nom de Tsao-Ngan, qu’il avait eu de sa concubine Liéou-Ssé. Une autre de ses femmes, Pien-Ssé, lui en donna quatre : Pey, Tchang, Tchy et Hiong ; mais toute son affection se concentrait sur le troisième de ces quatre derniers. Il le laissa avec Tsao-Pey à Nié pour surveiller la construction des trois tours et leur confia à tous les deux la garde des frontières septentrionales à Tchang-Yen.

Les soldats de Youen-Chao, par leur soumission, avaient grossi son armée qui ne montait pas à moins de cinq ou six cents mille hommes. Il la ramena dans la capitale, donna à tous les mandarins qui s’étaient distingués dans cette campagne le titre de princes, et afin d’attirer sur la mémoire de son conseiller

  1. Voir plus haut, page 24. L’édition in-18 fait remarquer que cette faiblesse pour des enfants cadets se retrouve chez les trois principaux personnages de cette histoire. On l’a notée déjà dans Youen-Chao ; elle se montre ici dans Tsao-Tsao ; nous allons la rencontrer plus tard dans Hiuen-Té, sans parler de Liéou-Piao chez qui elle se trahit également.