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cause. Quand il la connut : « Général, lui dit-il, invitez ce Tien-Wei à boire ; vous l'enivrerez complètement, et quand il vous quittera pour retourner à son poste, je pénétrerai avec lui jusque sous la tente, en me mêlant aux gardes dont il est le chef. Mon premier soin sera de lui enlever ses deux lances, et de la sorte il ne pourra plus se défendre. »

On juge de la joie de Tchang à cette proposition ; il commença par faire préparer des arcs et des flèches, des cuirasses, des armes de toutes sortes, et donna le mot à ses soldats répartis sur tous les points du camp. Envoyé par lui, le conseiller Kia-Hu alla inviter Tien-Wei à un souper, dans lequel on le traita magnifiquement. On mit tant d’empressement à le faire boire, qu’en effet il s’enivra. Quand il franchit la porte du camp de Tchang, la nuit était à peu près venue, et Hou-Tché, se mêlant aux gens de la garde, pénétra sur ses traces dans le camp principal où se trouvait le pavillon de Tsao. Cette même nuit, le premier ministre la passait à boire et à festoyer avec la femme qu’il aimait. Tout à coup, entendant des voix d’hommes, un bruit de chevaux qui le surprennent, il envoie des gens de sa suite s’informer de la cause de ce mouvement. « Seigneur, lui répondent-ils, ce sont les soldats de Tchang-Siéou qui font des patrouilles de nuit. » Ces paroles le rassurèrent complètement.

Vers la deuxième veille, on vint l’avertir que de grands cris se faisaient entendre derrière le camp, et que les chariots à fourrages étaient en flammes. « Ce feu provient sans doute de la négligence des soldats, répondit Tsao-Tsao ; il n’y a pas là de quoi se troubler beaucoup ! »

Tout à coup cependant, les flammes se manifestent aux quatre coins du camp ; Tsao appelle Tien-Wei. Celui-ci, vaincu par l’ivresse, dormait près de son maître ; à travers le sommeil que lui causent les vapeurs du vin, il entend le bruit des tambours et les cris des combattants. Vite il se lève et cherche ses deux lances auprès de sa couche, mais sans les trouver. On lui dit que les soldats rebelles sont déjà aux portes du camp ; le héros s’arme d’un simple glaive de l’espèce de ceux qui pendent à la