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campagne, dit le mandarin, la rapidité de la marche est un point fort important. Dans celle-ci, vous traversez des distances infinies pour dompter une nation ; si vous êtes trop pesamment chargé, il vous sera difficile de réussir. Le mieux est donc d’alléger le soldat, afin que, par une marche rapide, il puisse tomber à l’improviste sur un ennemi qui ne l’attend pas, et remporter la victoire. Mais n’oubliez pas de vous procurer un homme versé dans la connaissance des chemins, qui vous serve de guide. » Et Tsao-Tsao, laissant le mandarin malade à Y-Tchéou, pour qu’il pût s’y soigner, s’occupa de chercher le guide dont son armée avait besoin. On lui recommanda, comme fort habile dans la connaissance des localités, un ancien officier de Youen-Chao, nommé Tien-Tchéou.

Quand il fut arrivé à l’appel du premier ministre, il lui dit : « Dans cette route (que vous suivez maintenant), il y a, en été et en automne, beaucoup d’eau, c’est-à-dire, assez pour arrêter la marche des chariots et des cavaliers, et trop peu pour permettre d’y employer des bateaux et des pirogues ; il est donc impossible de s’en servir. Jadis il existait au lieu nommé Ping-Kang (dépendant du district de Pé-Ping) une route qui partait de Lou-Long et aboutissait à Liéou-Tching ; mais depuis le temps de l’Empereur[1] Kouang-Wou, et il y a de cela près de deux cents ans, elle a été détruite et ruinée. Toutefois, il reste un chemin détourné que vous pouvez prendre. Dans ce moment, le chef des Tartares est allé avec son armée à Ou-Tsong ; persuadé que loin de marcher en avant, vous ne pouvez que reculer, il néglige toute espèce de précautions et ne se tient point sur la défensive. Faites rétrograder furtivement vos divisions, en suivant les défilés de Lou-Long jusqu’aux escarpements de Pé-Tan ; arrivé la, vous déboucherez sur un terrain plane. Dégagé de tout obstacle, vous vous approcherez de Liéou-Tching, et en

  1. L’empereur Kouang-Wou des Han, l’un des plus grands princes de cette dynastie, monta sur le trône l’an 25 de l’ère chrétienne. Sous son règne, les Sien-Py, les Hiong-Nou et les Ou-Houan, eurent entre eux et avec la Chine, de fréquents démêlés qui tournèrent à l’avantage du céleste Empire.(Voir l’Histoire générale de la Chine, page 320 et suivantes, volume III.)