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« Où est mon lieutenant Hu-Tou, » demanda Tsao en voyant s’avancer le chef ennemi. — Et du milieu des lignes s’élance un guerrier à cheval qui se tenait à ses côtés. La lutte dura peu ; Yn-Kay ayant été renversé d’un coup de sabre, les siens s’enfuirent en désordre ; la moitié d’entre eux, répondant à l’appel du vainqueur, passa sous les bannières impériales. Tsao s’empresse de faire prendre a ses troupes le chemin de Han-Tan ; le commandant de la place, Tsu-Ko, sort à sa rencontre ; mais, ne pouvant résister au général Tchang-Liéao accouru pour le combattre, il rentre précipitamment dans les lignes. Tchang-Liéao l’y poursuit ; il tend son arc… Sa flèche atteint et renverse le chef déjà vaincu. Les troupes de Tsao, lancées par lui, chargent la division ébranlée qui fuit de toutes parts ; vainqueur des deux généraux qui menaçaient sa marche, le premier ministre se dirige tout droit sur Ky-Tchéou.

Déjà Tsao-Hong arrivait au pied des murailles ; le premier ministre ordonna aux trois corps d’armée d’envelopper la place et d’élever tout à l’entour des montagnes de terre[1], sous lesquelles des chemins souterrains permettraient aux soldats d’attaquer la ville. Chen-Pey, qui se trouvait chargé de la défense du chef-lieu, fut très alarmé de ces préparatifs. Le général Fong-Ly, placé à la porte de l’est, s’étant enivré[2], négligea de faire des rondes, et Chen-Pey, lui fit appliquer sur le dos quarante coups de bâton. L’officier, la rage dans le cœur, ouvrit cette porte de l’est ; il se sauva près de Tsao qui le consulta sur les moyens de réduire la place. Le transfuge conseilla à son nouveau maître de creuser un trou profond sous les murailles, de pénétrer ainsi à

  1. On a vu plus haut que Youen-Chao, à l’attaque de Kouan-Tou, avait élevé des montagnes de terre et creusé des routes souterraines pour agir contre les assiégés. Tsao emploie les mêmes moyens contre la ville de Ky-Tchéou ; il savait bien que ces amas de terre et ces galeries souterraines, ne valent pas des fossés où l’on fait entrer l’eau. (Note de l’édition in-18. )
  2. L’édition in-18 dit en note : Sun-Yu-Kiong (voir plus haut, page 305), ruina les affaires de son maître en s’enivrant ; Fong-Ly fait de même. Par quelle fatalité les généraux des Youen aimaient-ils à boire ? — Sun-Yu-Kiong est resté célèbre parmi les buveurs ; son nom se trouve cité dans le Hao-Kéou-Tchouen, k. IV, page 36, verso.