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lieu. L’émissaire alla trouver Tsao-Tsao dans son camp, et après les civilités d’usage, il répondit aux questions que celui-ci lui adressait sur le motif de son voyage, en déclarant que son maître le chargeait de proposer sa soumission. Tsao ayant lu la lettre, retint près de lui Sin-Py, et rassembla son conseil. Le mandarin Tching-Yu, n’attribuant la soumission de Youen-Tan qu’à l’extrémité où ses défaites l’avaient réduit, était d’avis qu’on ne devait pas la regarder comme sincère. « Continuons cette campagne contre Liéou-Piao, ajoutait-il, laissons les enfants de Youen-Chao se dévorer les uns les autres ; plus tard nous les anéantirons ! »

« Liéou-Piao est puissant maintenant, objecta Liu-Kien, finissons-en d’abord avec lui. — Quoi, reprit Man-Tchong, son excellence, après avoir amené ses troupes jusqu’ici, retournerait en arrière ? »

« Les trois mandarins qui viennent de parler n’ont pas envisagé toute la question, répliqua Sun-Yéou ; selon mon humble manière de voir, il se passe aujourd’hui de grandes choses dans l’Empire. Voici que Liéou-Piao tient sous sa domination tout le pays compris entre le Kiang et le Han ; mais il n’ose pas remuer d’une semelle, et on peut admettre qu’il ne porte point son ambition sur les pays qui l’entourent. La famille Youen règne sur quatre provinces et compte plus de cent mille soldats sous les armes ; quoique souvent vaincue, elle n’a pas perdu l’affection du peuple. Si deux des fils de Youen-Chao s’entendaient pour défendre leur héritage, il serait impossible de rendre à l’Empire la paix et l’unité. Mais voici que ces enfants s’entre-déchirent ; il n’y a plus à craindre cette réunion de leurs forces. Enfin, Youen-Tan vient faire sa soumission ; si (comme il le demande) nous allons tout d’abord détruire Youen-Chang, rien ne nous empêchera dans la suite d’épier la marche des affaires, d’achever la ruine de la famille, et l’Empire pourra être affermi ! Cette offre de soumission est donc une circonstance heureuse qu’il ne faut pas laisser échapper ! »

Tsao adopta avec joie ce conseil, et pendant le repas qu’il offrait à Sin-Py, il lui dit : « Le désir de soumission manifesté par