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ainsi gardez-vous de lui envoyer des troupes ; empruntez plutôt le secours de Tsao pour vous débarrasser de ce frère, et vous n’aurez plus d’inquiétudes dans l’avenir. » Youen-Chang suivit ce conseil ; il n’envoya point de soldats à son frère, qui, furieux de voir revenir son émissaire avec cette réponse, fit décapiter Fong-Ky à l’instant même.

Il voulait même se soumettre à Tsao-Tsao ; il y eut des espions qui en avertirent secrètement Youen-Chang : « Youen-Tan, lui dirent-ils, n’a plus la force de résister, il va passer dans les rangs du premier ministre ; de là, une double attaque qui mettra le Ky-Tchéou en grand péril. » Fort alarmé, Youen-Chang laissa sa capitale sous la protection de Chen-Pey et de son général en chef Sou-Yéou. Lui-même, à la tête de son armée, il alla secourir son frère dans Ly-Yang. Quand il demanda lequel de ses capitaines voulait se charger de commander l’avant-garde, deux frères, Liu-Kwang et Liu-Tsiang, s’offrirent à la fois : il donna au premier un corps de trente mille hommes, en lui disant d’aller commencer l’attaque, et tandis que cette division s’avançait jusqu’à la ville de Ly-Yang, il envoya prévenir Youen-Tan qu’il arrivait, en personne, avec des troupes auxiliaires. Cette nouvelle causa tant de joie à ce dernier, qu’il renonça à son projet de défection ; il rassembla ses soldats dans les murs, et son frère Youen-Chang réunit les siens hors de la ville ; ainsi ils pouvaient porter à l’ennemi un double coup. Pendant ce temps, (leur autre frère et leur cousin) Youen-Ky et Kao-Kan arrivaient chacun de leur côté ; comme ils campèrent l’un et l’autre hors des remparts, il y eut ainsi trois camps, d’où chaque jour sortaient d’excellents guerriers qui se mesuraient avec ceux de Tsao-Tsao. La division de Youen-Chang fut plusieurs fois battue dans ces rencontres ; l’avantage restait toujours aux gens du premier ministre, de sorte que la guerre traîna en longueur jusqu’au second mois de la huitième année Kien-Ngan (205 de J.-C.).

Enfin, à cette époque, Tsao-Tsao ayant divisé son armée pour une attaque générale, les trois frères et leur cousin Kao-Kan, complétement défaits, abandonnèrent la ville. Le vainqueur