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des parents de ces femmes (injustement mises à mort), les fit tous rassembler et égorger en masse. Aussitôt, les deux mandarins, Chen-Pey et Fong-Ky, le déclarèrent général des armées de l’Empereur (titre que portait son père) et seigneur des quatre districts de Ky, de Tsing, de Yéou et de Ping-Tchéou. (Après avoir pris ces divers arrangements), ils écrivirent à son frère aîné Youen-Tan, pour le convier aux funérailles.

Or, ce dernier avait déjà levé des troupes ; il était en marche quand lui arriva la nouvelle de la mort de son père. Sans plus tarder, il se consulte avec ses lieutenants Kouo-Tou et Sin-Ping : « En votre absence du chef-lieu (Ky-Tchéou ), répondit le premier de ces deux officiers, votre jeune frère aura été mis sur le trône par ses deux affidés (Chen-Pey et Fong-Ky) ; hâtons-nous d’arriver.... — Si nous entrons trop vite, objecta Sin-Ping, certainement nous nous attirerons de grands malheurs. Les deux généraux que vous venez de nommer auront pris leurs mesures... — Mais enfin, quoi faire ? s’écria le jeune prince. — Il faut, reprit Kouo-Tou, tenir vos troupes rassemblées hors des murs, afin d’observer les événements ; moi-même, j’entrerai et je découvrirai ce qui se passe dans la ville. »

Youen-Tan détacha donc son lieutenant qui se rendit près de Youen-Chang et lui présenta ses hommages. « Pourquoi mon frère aîné n’est-il pas venu, demanda le nouveau souverain ? Une légère indisposition le retient au milieu de ses troupes, répondit Kouo-Tou. — Mon père, continua Youen-Chang, a

    se prémunir. — A propos de la phrase suivante, on lit cette autre observation : Quand le jeune Empereur Hoey-Ty vit la truie (que lui montrait sa mère), il pleura ; Youen-Chang, au contraire, ajouta ses propres cruautés à celles de sa mère. Voici le fait historique auquel se rapporte cette allusion : La mère du jeune Empereur Hoey-Ty, après avoir empoisonné Tchao-Wang, rival de son fils, fit horriblement mutiler la mère de ce malheureux prince ; puis comme Hoey Ty rentrait sur ces entrefaites, elle l’appela pour lui montrer ce cadavre hideux, en disant qu’elle voulait lui faire voir une laie extraordinaire et d’une nouvelle espèce. Le jeune Empereur fut saisi d’horreur à la vue de ce corps défiguré et méconnaissable, et ne put s’empêcher de reprocher à sa mère tant de cruautés. Hoey-Ty des Han monta sur le trône l’an 194 avant notre ère.