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CHAPITRE III.


Discorde entre les fils de Youen-Chao.


[ Règne de Hiao-Hien-Ty, année 202 de J.-C. ] Enivré par la victoire qu’il avait remportée[1], Youen-Chang ne chercha plus que l’occasion de briller devant son père, et sans attendre l’arrivée de ses frères aînés, il sortit vers Ly-Yang avec une dizaine de mille hommes pour aller à la rencontre de l’avant-garde impériale[2]. Quand Tchang-Liéao (chef de cette division) s’élance à cheval hors des rangs, le jeune guerrier emporté par son ardeur, brandit sa lance, excite son coursier et va engager le combat. Mais à la troisième attaque, il sent qu’il a affaire à un adversaire trop redoutable ; il fuit précipitamment, dans une déroute complète, et épouvanté de se voir poursuivi par le vainqueur, il se retire, à la faveur de la nuit, jusqu’à Ky-Tchéou. A la nouvelle de la défaite et du retour honteux de son fils préféré, Youen-Chao fut pris d’un tel saisissement, que son ancienne maladie reparut ; il vomit une grande quantité de sang et tomba évanoui. Sa femme Liéou-Ssé, se hâta de le faire transporter dans ses appartements intérieurs pour lui prodiguer des soins.

Peu à peu, le vieux guerrier cessa de s’occuper des affaires humaines ; sa femme s’empressa d’appeler les généraux

  1. En décapitant Ssé-Ouan à la tête d’une division ; voir plus haut, page 318.
  2. Littéralement : l’armée du sud, par opposition au pays du nord qui est le nom des provinces occupées par Youen-Chao. Pour bien comprendre ce chapitre, il ne faut pas oublier que Youen-Chang était le troisième fils et le fils préféré de Youen-Chao, qui l’avait eu de sa seconde femme Liéou-Ssé.