Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/341

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

retranchements. Aussitôt les troupes impériales se déployèrent ; le premier ministre appela son adversaire en lui disant de venir répondre à ses interpellations ; et quand Hiuen-Té parut à cheval hors des portes du camp, il lui cria, en le désignant avec son fouet : « Je t’avais reçu avec les plus grands égards, et tu as tourné le dos à la fidélité, tu as perdu le souvenir des bienfaits... »

Hiuen-Té répondit avec colère : « Tu t’appuies sur ton titre de ministre des Han pour usurper en réalité le trône comme un rebelle. Moi, j’appartiens à la famille impériale, et voila pourquoi je me charge de châtier les brigands ! — Et moi, interrompit Tsao, j’ai reçu de Sa Majesté l’ordre écrit de punir les rebelles aux quatre coins de l’Empire ; oses-tu bien parler avec tant d’arrogance ? — Cet ordre dont tu parles, n’est qu’un mensonge : mais moi je possède véritablement ces lignes tracées par Sa Majesté[1], répliqua Hiuen-Té. — Mensonge, mensonge ! » s’écria le premier ministre.

Hiuen-Té voulait lire à haute voix l’ordre impérial caché dans sa ceinture ; Tsao-Tsao plein de rage, lança contre lui son lieutenant Hu-Tchu. Un lieutenant de Hiuen-Té qui se tenait derrière lui sortit au galop, armé de la pique ; c’était Tsé-Long. « Ah ! s’écria le ministre en montrant du doigt le héros, voila le bandit qui a traversé mon camp à la dérobée certain jour[2] ! » Trente fois les deux guerriers s’attaquent sans pouvoir se vaincre ; mais tout à coup dans le sud-est s’élèvent des clameurs tumultueuses ; Tchang-Yun arrive suivi de sa division et renversant tout devant ses pas. A peine Tsao a-t-il partagé ses troupes pour lui opposer résistance, que dans le sud-ouest des cris pareils ont retenti. C’est Tchang-Fey qui arrive avec ses soldats, semant la mort devant lui. Sur trois points, la mêlée est devenue générale ; fatiguée d’une longue marche, l’armée impériale qui vient de loin ne peut résister au choc ; elle fuit complétement vaincue, poursuivie jusqu'à deux milles du champ de bataille par celle de Hiuen-Té.

  1. On se rappelle le complot dirigé par l’Empereur lui-même, et auquel Hiuen-Té fait allusion ici. Voir plus haut, page 117.
  2. ODu pays de Tchang-Chan.Voir vol. I", page 187.