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CHAPITRE II.


Défaite de Yuen-Té.


[ Règne de Hiao-Hien-Ty. Année 201 de J.-C. ] Prêt à passer les frontières du Ky-Tchéou avec son armée, Tsao-Tsao disait en soupirant : « J’ai levé des troupes au nom de la fidélité, et combattu les rebelles au nom de l’Empereur ! Les gens des anciens villages (soumis au souverain) ont bientôt tous péri ; à peine, dans un jour, rencontre-t-on un visage connu !... Combien je déplore ces maux dont je suis la cause involontaire[1] ! Voici de plus que les grains sont dans les champs ; je dois donc renoncer à mettre en mouvement mes armées. » Et il en était à prendre cette résolution quand lui arriva la lettre de Sun-Yéou, par laquelle il sut que Hiuen-Té marchant sur la capitale, il lui fallait se porter au plus tôt à la rencontre de cet ennemi. Tsao-Hong eut donc ordre d’établir ses troupes sur le bord du fleuve Ho, et le premier ministre en personne se dirigea vers l’est.

Cependant, Hiuen-Té, averti des mouvements de Tsao-Tsao, alla camper à cinq milles des monts Jang-Chan. Il divisa ses forces en trois corps : celui que commandait Tchang-Yun regardait le sud-est ; vers le sud ouest était tourné celui qui obéissait à Tchang-Fey ; dans le sud même se trouvaient les tentes de Hiuen-Té et de son lieutenant Tsé-Long[2]. A peine eut-on annoncé l’approche de Tsao, que Hiuen-Té fit battre le tambour et sortit des

  1. Ce qui semble signifier que la postérité, en gardant le souvenir des effets, méconnait les causes ; l’édition in-18 a supprimé ce monologue.
  2. Voir plus haut, page 260. Nous continuons de désigner par son petit nom, le personnage important appelé Tchao-Yun.