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vigoureuse ; Hu-Tchu vole sur son cheval et s’élance en avant, faisant sauter les têtes des chefs qu’il rencontre. L’armée ennemie est en désordre ; elle veut reculer à son tour, mais Tsao se jette sur ses derrières ; au milieu de la route qu’elle suit, de grands cris viennent de retentir ; deux des divisions embusquées[1] la prennent en flanc, et en font un horrible carnage. Youen-Chao, ses trois fils et son neveu se dégagent a force de courage, et laissent derrière eux une longue trace de sang. Arrivés à la distance d’un mille, deux autres divisions tombant sur les troupes en déroute, les déciment encore ; les cadavres encombrent la plaine, le sang coule a grands flots. Plus loin deux autres les arrêtent de nouveau dans leur marche ; le combat devient acharné, mais Youen-Chao découragé, éperdu, après cette défaite va, avec ses fils, se jeter dans son camp. Aussitôt il ordonne à ses trois corps d’armée de prendre quelque nourriture ; mais au moment où les soldats vont réparer leurs forces, Tchang-Liéao et Tchang-Ho se précipitent à droite et à gauche sur les retranchements qu’ils enfoncent. Youen-Chao n’a que le temps de monter à cheval et de fuir dans la direction de Tsang-Ting. Les hommes et les chevaux tombaient de fatigue et de besoin ; un peu de repos et de nourriture devenait indispensable, mais l’armée de Tsao-Tsao était là qui harcelait les vaincus.

Abandonnant le soin de sa vie, Youen-Chao fuit droit devant lui ; deux autres divisions se présentent qui lui barrent le chemin ; ce sont celles de Tsao-Hong et de Héou-Tun. Youen-Chao ne sait plus par où passer : « Si je ne combats pas jusqu’au dernier soupir, s’écria-t-il, me voila prisonnier !.... » Et le glaive en main, se frayant une route, il sort de ce cercle fatal. Son fils Youen-Hy et son neveu Kao-Kan, étaient percés de flèches ; à la faveur de la nuit, il se retire en fuyant à dix milles de là ; dix mille hommes à peine l’avaient suivi dans sa fuite. Et encore la moitié de cette petite armée se dispersa-t-elle, tandis que le reste mourait sous les coups de l’ennemi.

  1. A gauche celle de Héou-Youen, à droite celle de Kao-Lan ; ainsi de suite, dans l’ordre où ils ont été cités plus haut, mais en sens inverse.