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voir, avec une secrète joie, que tout le peuple s’empressait de se soumettre à lui.

Cependant la nouvelle arriva que Youen-Chao, à la tête de deux à trois cents mille hommes levés dans ses quatre districts, campait à Tsang-Ting ; le premier ministre lui-même alla, avec sa division, camper le premier devant l’ennemi. Le lendemain, Youen-Chao lui envoya demander le combat, par une lettre sur la marge de laquelle celui-ci fixa l’attaque au même jour ; dès que l’émissaire fut retourné avec cette réponse, les deux armées battirent le tambour ; chacun ceignit sa cuirasse, monta à cheval ; les bataillons se déployèrent. Entouré de ses généraux, Tsao-Tsao sortit hors des lignes, et provoqua son adversaire par des reproches injurieux ; de son côté, Youen-Chao parut accompagné de ses trois fils, de son neveu et de tous les mandarins civils et militaires de sa principauté, disposés autour de lui sur deux rangs.

« Tu n’as plus de ressources, tes forces sont anéanties, cria le premier ministre, et tu ne veux pas te soumettre ! Tu attends donc que mon glaive soit sur ton cou, et tu te repentiras alors, mais il sera trop tard ! — Qui veut commencer l’attaque, » dit Youen-Chao avec colère, en se tournant vers ses capitaines ?... Son fils bien aimé, Chang, était devant lui ; déployant la valeur indomptable d’un héros, il brandit son double cimeterre, s’élance au galop, et caracole à droite et à gauche entre les deux armées.

« Quel est cet homme », demanda le premier ministre en le montrant du doigt ? et ceux qui le connaissaient répondirent : « C’est Youen-Chang, le troisième fils de Youen-Chao. » La réponse n’était pas achevée, qu’un général brandissant sa lance, se précipitait au-devant de Chang. Tsao regarde ; c’est un lieutenant de Su-Hwang, c’est Ssé-Ouan qui, après une courte lutte, oblige son adversaire à fuir devant lui. Mais Youen-Chang tend son arc, pose le trait sur la corde, se retourne et lance par derrière une flèche qui traverse l’œil gauche de Ssé-Ouan ; celui-ci tombe de cheval et meurt.

Dès qu’il a vu la victoire remportée par son fils, Youen-Chao