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tuez-noi au plus vite, c’est ce qui peut m’arriver de plus désirable. — Non, répliqua Tsao, si j’avais eu plutôt près de moi un homme comme vous, l’Empire n’eût pas éprouvé tant de malheurs. »

Tsao le traita avec beaucoup d’égards ; le lendemain, il vola un cheval dans le camp pour retourner vers Youen-Chao ; et cette audace irrita le vainqueur qui le punit de mort. Jusqu’au dernier soupir, il conserva tant de sang-froid que Tsao dit en soupirant  : « Je fais périr un homme aussi fidèle que loyal ! » Il en gémit jusqu’au soir, et voulut que le corps de Tsou-Chéou fut enseveli près d’un gué du fleuve Jaune. Sur sa tombe, il mit cette courte inscription :

« Ici repose Tsou-Chéou, qui fut un sujet loyal[1] ! »

  1. L’édition in-18 cite à ce propos les vers qui suivent :

    « Au nord du fleuve Ho, il y avait bien des mandarins célèbres ;
    » Le plus loyal fut Tsou-Chéou ;
    » Il connaissait à fond les lois de l’art militaire,
    » Et savait, en regardant le ciel, y lire l’avenir.
    » Jusqu’à la mort, il garda un cœur inflexible comme l’acier,
    » En face du danger, son esprit s’éleva comme la nuée.
    » Tsao-Tsao honora son inviolable fidélité,
    » Et voulut élever une tombe à ce mandarin abandonné de son maître ! »