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CHAPITRE II.


Révolte de Tchang-Siéou.


[Règne de Hiao-Hien-Ti. Année 197 de J.-C.] Singulièrement troublé par cette attaque imprévue, Hiuen-Té marcha au-devant de l’ennemi à la tête de ses troupes, et quand les deux armées furent en présence, poussant son cheval hors des rangs, il s’écria : « Mon frère aîné, quel motif vous excite a venir vers nous d’une façon si menaçante ? — Eh ! reprit Liu-Pou avec un geste et un accent injurieux, en perçant d’une flèche la lance fixée à la porte de mon camp, je vous ai sauvé d’un grand péril, et voila que vous me volez mes chevaux ! — J’en manquais moi-même, répondit Hiuen-Té, et j’ai ordonné à mes gens d’en prendre de force dans la campagne ; en quoi me suis-je permis de vous dérober les vôtres ? — C’est votre Tchang-Fey qui a fait ce coup, répliqua Liu-Pou, et m’en a volé cent cinquante ; il vous sied bien de vous excuser ainsi ! »

La lance au poing, Tchang-Fey s’élança en tête des lignes : « Ces cent cinquante chevaux que j’ai volés, s’écria-t-il, savais-je qu’ils t’appartissent ? — Bandit aux yeux ronds, reprit Liu-Pou avec rage, oses-tu bien reparaître effrontément devant moi ? — Parce que j’ai volé quelques chevaux, voilà que tu te lâches, répliqua Tchang-Fey ; n’as-tu pas enlevé le Su-Tchéou à notre frère aîné[1], et tu comptes cela pour rien ! »

À ces mots, Liu-Pou se précipite au galop en dressant sa lance, et se jette sur Tchang-Fey ; cent fois ils s’attaquent avec

  1. Voir vol. Ier, page 257.