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CHAPITRE VII.


Tsao-Tsao brûle les vivres rassemblés à Ou-Tchao.


[ Règne de Hiao-Hien-Ty. Année 221 de J.-C. ] Hu-Yéou emmenant avec lui quelques fantassins s’éloigna donc à l’instant du camp de son maître pour aller trouver Tsao-Tsao. Une patrouille embusquée sur le chemin l’arrêta : « Je suis un ancien ami du premier ministre, répondit-il en se faisant connaître, allez lui apprendre que je suis ici. » Or, Tsao-Tsao, débarrassé de ses vêtements, dormait quand les soldats arrivèrent au camp principal ; ce que les gardes lui dirent de la venue de Hu-Yéou lui causa une joie extrême. Sans prendre le temps de chausser ses souliers, il courut pieds nus au-devant de son ancien ami, et le voyant à une certaine distance : « Ah! s’écria-t-il avec l’accent de la gaité, en frappant dans ses mains, celui-là revient de loin ; mes affaires sont en bonne voie ! » Et conduisant le transfuge par le bras, depuis la porte du camp, il le fit asseoir sous Sa tente.

Pour honorer le souvenir d’une ancienne liaison, Tsao, le premier, s’inclina jusqu’à terre ; Hu-Yéou s’empressa de le relever  : « Vous êtes le ministre des Han, et moi je ne suis rien[1] ; seigneur, pourquoi vous abaisser ainsi devant moi ?... — Quoi,

  1. Littéralement  : un habit de toile, un homme qui ne porte les insignes d’aucune dignité, qui est habillé comme les gens du peuple. Tsao-Tsao l’appelle toujours par son petit nom de Tsé-Youen, ce qui implique l’idée de la familiarité et de la condescendance. Nous ne pouvons mettre ces nuances dans la traduction ; les noms propres y sont trop nombreux déjà, pour que nous allions les doubler.