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devant moi et me proposer tes plans ! Va, tu es un ancien ami de Tsao. Tu as reçu de lui de l’or, de riches étoffes, et c’est pour ce prix que tu cherches de sa part à causer la ruine de mes armées ! J’avais déjà le désir de faire tomber ta tête ; mais on m’accuserait de ne rien savoir supporter !... Va, garde ta tête sur tes épaules ! »

Il lui cria de se retirer, et le mandarin regardant le ciel s’écria avec un profond soupir : « Les paroles d’un homme de bien sont dures à entendre ; on n’écoute point les paroles d’un enfant ! Ma famille est persécutée par Chen-Pey, et moi, devant qui oserais-je paraître sur la terre ? » Après ce monologue, il voulait s’ouvrir le ventre avec son sabre, mais ceux qui l’entouraient l’arrêtèrent en lui disant : « Maître, pourquoi vous tuer de votre propre main ? Youen-Chao n’est point l’homme qui doit gouverner l’Empire. Il rejette les sages conseils qu’on lui donne ; un jour il succombera dans sa lutte contre Tsao, soyez-en sûr ! Maître, vous avez d’anciennes relations avec ce dernier, que ne quittez-vous les ténèbres pour courir au-devant de la lumière ? Vous éviteriez ainsi la mort qui vous attend auprès de Youen-Chao. »

Ce peu de paroles ranima le courage abattu de Hu-Yéou ; il alla se jeter dans les bras de Tsao-Tsao[1].

  1. L’édition in-18 termine ce chapitre par les vers suivants :

    « Au commencement, les héros couvraient la fleur du milieu (la Chine) ;
    » Au passage de Kouan-Tou, leurs espérances, hélas ! furent frustrées !
    » S’il avait voulu mettre à exécution les plans de Hu-Yéou,
    » Les monts et les fleuves seraient retournés, à l’envi, sous la domination de leur ancien maître (de l’Empereur). »