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disposition[1]. Dès son bas âge, cet homme s’est exercé au maniement du sabre et au tir de l’arc à cheval ; il habitait le village de Kuu-Hou, mais son aïeule étant morte, il est allé l’enterrer a Tong-Tching où il réside maintenant. Liéou-Tsé-Yang[2], son ami intime, l’a plusieurs fois prié de venir près de lui dans sa ville de Tchao-Hou, mais sans pouvoir l’y attirer. Seigneur, il convient de faire des propositions à ce personnage, né à Lin-Hoay-Tong, et qui se nomme Lou-Sou (son surnom honorifique Tsé-King.)

Ce fut Tchéou-Yu lui-même que le nouveau roi de Ou chargea de se rendre près de Lou-Sou. Quand ce dernier eut entendu les explications que lui donnait le général, il répondit : « Liéou-Tsé-Yang m’a invité à me rendre près de lui, je veux répondre à son appel. — Jadis, répliqua Tchéou-Yu, Ma-Youen[3] alla trouver l’Empereur Kwang-Wou(dans une circonstance analogue) : de nos jours, ce ne sont guère les princes qui choisissent leurs serviteurs, mais les serviteurs qui choisissent leur maître. Or, Sun-Kuen, mon maître, veut s’entourer de gens de bien ; il veut employer les hommes capables, élever aux honneurs ceux qui paraissent dignes d’être distingués. J’ai déjà entendu dire à des personnes prudentes, que certainement le pouvoir légué par le ciel à la famille des Liéou[4], pendant une longue suite de générations, allait passer dans les provinces du sud-est de l’Empire. Suivre pas à pas les événements, étudier les vicissitudes de la

  1. A ce propos, l’édition in-18 insère la note suivante  : Celui qui a de la piété filiale envers les siens, et qui secourt ses amis, sera certainement loyal envers son prince. Celui qui se prive soi-même et aime à rendre service, ne sacrifiera certainement pas aux intérêts particuliers de sa famille, ceux de l’État.
  2. Il s’agit ici de Liéou-Piao, souvent cité.
  3. Ma-Youen joua un grand rôle sous Kwang-Wou-Ty, qui régénéra l’Empire et la dynastie des Han, après l’usurpation de Wang-Mang (l’an 25 de notre ère). Voir Histoire générale de la Chine, vol. III, pages 282 et suivantes. — Tout ce chapitre écrit en chinois avec une élégance remarquable et en style ancien assez difficile, abonde en allusions historiques que nous devons traduire. Après tout, c’est ainsi que les écrivains du céleste Empire traitent la philosophie de l’histoire.
  4. On sait que le nom de famille des Han était Liéou.