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deux de ses officiers (Song-Hien et Oey-So), d’escorter la jeune fille en compagnie de Han-Yn.

Le cortège partit de la ville au bruit de la musique ; or, à cet instant, Tchin-Kouey, l’ancien gouverneur de Siao-Pey, qui vivait retiré dans sa maison, entendit retentir jusqu’au ciel les tambours et les instruments joyeux. Il interroge les gens qui l’entourent, et apprend d’eux que la fille de Liu-Pou va épouser le fils de Youen-Chu. — « Et quel a été le négociateur de cette union, demanda-t-il ? — Han-Yn, ou du moins nous le croyons, car il y a trois jours qu’il est arrivé du lieu où réside Youen-Chu. — Une si étroite alliance, reprit le vieillard, aura pour résultat certain la perte de Hiuen-Té. » Et malgré ses infirmités, il alla trouver Liu-Pou.

« Vieillard, quelle cause vous amène, demanda celui-ci ? — La nouvelle de la mort de mon général Hiuen-Té, répliqua le vieux gouverneur ; j’ai appris qu’il n’est plus et je viens tout exprès pour vous faire une visite de deuil. — Que dites-vous là, reprit Liu-Pou tout surpris ? — Une fois déjà Youen-Chu vous a envoyé de l’or et des étoffes précieuses pour acheter de vous la mort de Hiuen-Té ; en perçant une lance avec une flèche, vous avez apaisé la querelle. Cette fois Youen-Chu vous demande votre fille ; c’est un gage qu’il veut tenir, et un jour il réclamera la tête de votre allié. S’il ne vous demande pas des subsides en argent et en vivres, il réclamera peut-être votre appui. Seigneur, vous ne le lui refuserez pas ! Tôt ou tard cet ambitieux lèvera l’étendard de la révolte ; et vous serez devenu, en tous points, l’allié, le parent d’un rebelle ! »

« Tching-Kong m’a trompé », s’écria Liu-Pou tout épouvanté ; et il ordonna à Tchang-Léao de courir avec ses troupes à la distance de trois milles sur les traces de sa fille, afin de la ramener au palais. Quand Tchin-Kong parut : « Allez, lui dit-il en le maudissant, vous avez voulu me déshonorer dans les siècles à venir ! » Le conseiller se retira sans rien répondre. « Maintenant, reprit le vieux gouverneur Kouey, retenez ici prisonnier l’émissaire de Youen-Chu, et envoyez dire à celui-ci que le trousseau de la jeune mariée n’étant pas prêt, elle n’a pu