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CHAPITRE VI.


Tsao-Tsao attaque Youen-Chao.


[ Règne de Hiao-Hien-Ty. Année 220 de J.-C. ] Le jeune conquérant venait d’expirer ; son frère Sun-Kuen s’étant précipité avec des sanglots devant sa couche, Tchang-Tchao lui dit : « Seigneur, ce n’est pas la le moment de pleurer ! Jadis, les lois établies par Tchéou-Kong à l’occasion de l’élévation au trône, son fils Pé-Kin ne les observa pas[1] ; non qu’il voulût désobéir à son père, mais les circonstances le forçaient à se départir des rites. Aujourd’hui, l’Empire ne jouit point d’une tranquillité parfaite ; craignez, en vous occupant trop des cérémonies funèbres, de perdre le fruit des travaux de ceux qui vous ont précédé. De plus encore, voici que de toutes parts se lèvent des ambitieux et des turbulents ; les chakals et les loups remplissent les routes. Si on s’arrête, dans sa tendresse pour un défunt, à pratiquer tous les rites, autant vaut ouvrir sa porte et saluer respectueusement le voleur qui entre ; ce qui, assurément, ne serait plus de l’humanité ! »

  1. L’allusion historique renfermée dans ce passage nous a forcé de paraphraser un peu les mots du texte. A la mort de Wou-Wang, fondateur de la dynastie des Tchéou, son frère Tchéou-Kong, chargé de diriger l’Empire et d’instruire l’héritier présomptif, se retira pendant deux ans, laissant à sa place son fils Pé-Kin. Voir la note du vol. I°, page 311 ; l’Histoire générale de la Chine, vol. I°, page 285 ; et les Mémoires sur les Chinois, vol. III, page 35.