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que des souillures, avec son corps aussi descend sous la terre et devient un démon. Les saints hommes disaient : Les génies immortels sont des hommes qui ont été ornés de toutes les vertus. Ils ajoutaient aussi : Adressez des prières aux génies supérieurs et inférieurs ! Donc, il faut croire absolument aux génies immortels et aux démons[1]. Vous vous êtes obstiné à détruire un esprit d’en-haut, pourquoi ne se vengerait-il pas ? J’ai enjoint au peuple de faire des prières et des sacrifices dans le temple nommé Yu-Tsing-Kouan, qui se trouve hors de la ville ; allez-y vous-même demander pardon de votre crime et vous recouvrerez la santé. »

Comment eût-il résisté aux volontés de sa mère ? Sun-Tsé monta donc dans sa litière ; arrivé au temple, il vit le chef des religieux venir à sa rencontre, et comme, au fond, cette démarche lui déplaisait, il n’entra dans la pagode qu’à contrecœur. Le desservant pria Sun-Tsé de brûler des parfums et il le fit, mais sans y joindre des prières. Tout à coup, tandis que les essences brûlaient sur le réchaud, la fumée s’éleva en un tourbillon compact qui formait comme un piédestal, sur lequel se tenait le devin décapité.

Sun-Tsé plein de colère sort précipitamment du temple et descend sous la galerie ; mais à peine avait-il fait quelques pas, que l’apparition se retrouve encore face à face avec lui ; tirant le glaive d’un des gens de sa suite, il s’élance contre le fantôme ; un homme tombe blessé ? Tous[2] regardent et reconnaissent celui qui peu de jours auparavant a décapité de sa main le saint personnage. Le glaive a pénétré jusqu’à la cervelle ; son sang coule par le nez, les yeux, les oreilles et la bouche ; il expire...

  1. De nos jours encore, ceux qui croient à Fo (Bouddha) et aux esprits immortels (comme les sectateurs de Lao-Tsé), faussent le sens des paroles de Kong-Fou-Tsé et de Meng-Tsé, pour y chercher des preuves à l’appui de leurs doctrines. Ce n’est pas seulement l’erreur particulière d’une femme du pays de Ou (celui où s’était établi Sun-Kien). (Note de l’édition in-18).
  2. À ce propos, le même texte poursuivant sa thèse, ajoute en note  : Ce simple soldat a fait un acte passif en tuant le sorcier ; ce n’est pas lui qui a eu l’intention ; et voilà que ce sorcier (après sa mort) se venge et le tue !... Non, ce n’était pas là le fait d’un esprit immortel !