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guéries, il voulait déjà convoquer ses officiers et dresser le plan de la campagne.

« Le médecin a ordonné à votre altesse un repos absolu de cent jours, dit Tchang-Tchao en cherchant à lui donner de bons conseils ; faut-il pour un accès d’impatience compromettre si légèrement le salut de votre précieuse personne ! — Kouo-Hia m’a insulté, reprit Sun-Tsé ; est-ce une chose que je puisse souffrir ! Je m’emparerai de l’Empire pour lui montrer quel homme je suis ! — Que votre altesse attende son entière guérison, ajouta Tchao, et il ne sera pas trop tard pour entamer cette grande affaire. »

Ils parlaient ainsi, quand arriva un envoyé de Youen-Chao, Tchin-Tchen qui dit : « Mon maître et votre seigneurie gouvernent deux états florissants ; il serait bon d’attaquer Tsao-Tsao par le sud et par le nord, et de partager l’Empire. » Sun-Tsé, enchanté de cette proposition, convoqua tous ses généraux dans une galerie située sur le rempart, et tandis qu’il buvait avec Tchin-Tchen à qui il offrait une collation, il s’aperçut tout à coup que les chefs de son armée, après s’être parlé entre eux à voix basse, descendaient tous à la fois.

« Qu’y a-t-il, demanda Sun-Tsé avec surprise ? — Et les gens de sa suite lui répondirent  : — C’est un génie divin et immortel qui passe au pied de la galerie ; les généraux sont tous allés lui rendre hommage ! »

Sun-Tsé se lève, se penche sur le balcon et voit un Tao-Ssé de grande taille ; sa barbe et ses cheveux sont blancs ; son visage est frais comme la fleur du pêcher[1] ; il porte les vêtements légers de sa secte, et s’appuie sur un bâton plus haut que lui.

  1. Les Tao-Ssé prétendaient avoir trouvé le moyen de conserver une éternelle jeunesse, en se nourrissant du suc de certaines plantes. On peut voir, dans l’Histoire de la Chine, les efforts que firent plusieurs souverains pour acquérir cette immortalité, dont les sorciers de la secte se vantaient de posséder le secret. — Quant à ces mots, les vêtements de sa secte, ils sont traduits littéralement du mandchou. Le texte chinois dit : Sur son corps flottent comme une nuée volante, les habits faits d’un tissu où se mêle le plumage de l’oiseau tsiao. — Le bâton fait d’une certaine plante a été expliqué au vol. I°, page 6.