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« Sun-Tsé est un héros invincible ; il marche sur les traces du conquérant Pa-Mang[1]. Ne serait-il pas bon de lui accorder des grades, de le combler de faveur, afin de l’engager à revenir dans la capitale. Si on l’y appelle, il ne peut se dispenser d’y revenir ; mais si on le laisse librement agir hors des limites du territoire impérial, il causera un jour de très grands malheurs, auxquels il faut obvier tout d’abord. »

En traversant le Kiang, cet émissaire fut pris par l’officier qui gardait le passage du fleuve, et conduit devant Sun-Tsé. Celui-ci, transporté de colère à la lecture du message, se fit amener Hu-Kong à l’instant. « Vous voulez donc, lui dit-il d’un ton de reproche, me reléguer hors de la terre des vivants ?.... Et pourquoi ? — Telle n’est pas ma pensée, répondit le mandarin, » mais il ne put ajouter un mot à sa justification, quand Sun-Tsé lui eut mis sa lettre sous les yeux. Par ordre de Sun-Tsé, des soldats l’emmenèrent pour l’étrangler ; tous les gens de sa famille et de sa maison se dispersèrent, dans la crainte d’éprouver le même sort.

Cependant trois des clients du mandarin supplicié jurèrent de venger sa mort ; ils n’attendaient qu’une occasion ; (et elle se présenta.) Sun-Tsé était passionné pour la chasse ; un jour qu’il avait conduit son armée dans les montagnes de l’ouest pour se livrer à cet exercice, des troupes de cerfs venaient d’être lancées, et chacun à l’envi les poursuivait de ses flèches. Monté sur un cheval pommelé, Sun-Tsé[2]gravissait la montagne d’un galop rapide comme s’il eût couru en rase campagne. Sur

  1. Voir vol. I°, la note de la page 97. Pa-Mang est désigné ici par son nom de Hiang-Tsy.
  2. L’édition in-18 dit que Sun-Tsé alla à la chasse dans un lieu nommé Tan-Tou, puis ajoute la réflexion suivante  : Lorsque Tsao-Tsao alla chasser le cerf à coup de flèches, à Hu-Tien, pourquoi était-il si bien entouré d’une pompeuse escorte ? Lorsque Sun-Tsé alla courre le cerf, à Tan-Tou, pourquoi prit-il si peu de soin de se faire accompagner ? — Ce qui, dans l’idée de l’écrivain, veut dire : Pourquoi le ministre usurpateur fut-il à l’abri des coups que de fidèles mandarins voulaient lui porter, et pourquoi Sun-Tsé, qui pouvait relever la dynastie, fut-il blessé mortellement dans cette partie de plaisir ? — Voir plus haut, page 102.