Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chirent comme s’ils eussent eu des ailes les fossés de la ville. La flamme vole en tourbillons ; nos gens, emportés par leur ardeur, lancent des nuées de flèches ; les troupes de Hwang-Tsou, rudement battues, périssent en grand nombre sous le glaive et la pique. »

» Leur général seul put s’échapper, laissant en notre pouvoir sa famille composée de sept personnes ; son commandant en second, nommé Han-Ky, fait prisonnier, eut la tête tranchée. Vingt mille ennemis éprouvèrent le même sort[1] ; dix mille autres ont trouvé la mort dans les eaux du fleuve ; cinq à six mille bateaux, petits et grands, sont restés entre nos mains. Cette journée nous a valu un butin immense. Il est vrai que Liéou-Piao tient encore ; mais le brigand de Hwang-Tsou était son plus solide appui, comme les griffes et les dents de cette bête fauve : la force de Liéou-Piao résidait tout entière dans ce général. La famille de ce Hwang-Tsou, ses soldats, jusqu’au dernier, tout cela a été comme balayé de la surface de la terre. Resté seul, Liéou-Piao n’a plus que la mort à attendre. Cette grande victoire est due à l’héroïsme incomparable, à la glorieuse puissance du bienheureux souverain. A moi, il ne me revient guère de mérite, si j’ai châtié ceux qui étaient coupables envers Sa Majesté ! »

Requête respectueuse. »

Quand il eut pris connaissance de ce message, Tsao-Tsao, comprenant quelle puissance avait acquis Sun-Tsé, dit avec un soupir : « Le fils du lion devient redoutable ! » Aussitôt il résolut de marier le jeune frère de ce héros avec la fille de son parent Tsao-Jin, et garda l’envoyé Tchang-Hong dans la capitale. Mais il refusa le grade de commandant en chef de la cavalerie que réclamait le jeune vainqueur ; ce fut pour celui-ci le motif d’un profond mécontentement, et l’idée lui vint de marcher sur la capitale. Le gouverneur militaire de Ou-Kiun, nommé Hu-Kong, envoya secrètement à la cour un émissaire chargé de remettre au souverain en personne la requête que voici :

  1. Littéralement  : nous avons environ vingt mille têtes.