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le brouillard et les nuées se dissipant, le ciel se montre dans sa sérénité ! » Et l’introduisant sous son toit, il lui présenta ses deux fils. Yun-Tchang fit sur leur compte les questions ordinaires, et le fermier reprit  : « L’aîné, Kouan-Ning, se voue à l’étude ; le cadet, Kouan-Ping, apprend l’art de la guerre ! »

Déjà Yun-Tchang s’était établi dans cette ferme ; ses compagnons (d’abord laissés en arrière) y avaient également trouvé un asile. Sun-Kien seul poursuivait sa route vers Ky-Tchéou ; il y rejoignit Hiuen-Té, et le mit au fait de tous les événements que nous connaissons déjà. « Bien, répliqua celui-ci ; j’ai près de moi le conseiller Kien-Yong qui a fui comme nous dans cette province ; appelons-le en secret et concertons-nous avec lui ! » Ainsi firent-ils ; Kien-Yong proposa le stratagème que voici  : Hiuen-Té demanderait à Youen-Chao la permission d’aller en personne près de Liéou-Piao (établi dans Tsing-Tchéou), afin d’engager ce dernier à s’unir à lui contre (l’ennemi commun, le ministre tout-puissant) Tsao-Tsao. Cette mission, à laquelle Youen-Chao ne s’opposerait certainement pas, offrirait à Hiuen-Té, et au conseiller lui-même, un excellent moyen de quitter la province et de se sauver. Tel était le plan d’évasion qu’il avait formé dans son esprit ; tous les trois ils s’occupèrent de le mettre a exécution.

Le lendemain, Hiuen-Té étant allé voir Youen-Chao lui représenta que Liéou-Piao, maître de toute la province de Hiang-Yang, abondamment pourvu de troupes et de vivres, devrait être attaché à son parti de manière à se servir de lui pour abattre la puissance de Tsao. « Déjà, répondit Youen-Chao, je lui ai envoyé un émissaire, mais il a rejeté mes propositions. — Il est de la même famille que moi[1], répliqua Hiuen-Té ; laissez-moi causer avec lui, je suis sûr de vaincre ses répugnances. »

« Ce serait pour nous une meilleure acquisition que celle de Liéou-Py (de Jou-Nan) ! Allez, partez.., » dit Youen-Chao ;

  1. On se rappelle que le nom de famille de Hiuen-Té est Liéou-Pey ; en Chine, tous ceux qui portent le même nom sont censés parents. Ce Liéou Piao a joué un rôle dans la première partie de ce livre ; voir v. I°, page 120.