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Kien, pour le consoler, proposa de pousser en avant, de se rendre de nouveau auprès de Youen-Chao ; la, ils expliqueraient tout à Hiuen-Té, et ne manqueraient pas de le ramener au milieu des siens. Yun-Tchang, après avoir pris congé des deux chefs établis dans Jou-Nan, revint voir Tchang-Fey, qui voulait aussitôt se mettre en marche pour rejoindre Hiuen-Té. « Non, lui dit-il, cette ville que vous occupez nous offre un précieux abri ; ne l’abandonnons point ainsi ! Restez-y pour la défendre, tandis que je me rends près de notre frère avec Sun-Kien. Vous avez tué en combat singulier deux des généraux de Youen-Chao, dit Tchang-Fey, il n’est pas bon pour vous d’aller audela du fleuve ! — Ne craignez rien, répliqua le héros ; je tâterai le terrain avant de me lancer ! »

Là-dessus, prenant à sa suite une vingtaine de cavaliers, il appela Tchéou-Tsang et lui demanda combien d’hommes et de chevaux se trouvaient réunis dans la montagne Ngo-Niéou[1] sous les ordres de Pey-Youen. « Il y a environ cinq cents combattants et une demi-douzaine de chevaux, répondit le guerrier. Eh bien, répliqua Yun Tchang, allez dans la montagne, rassemblez cette bande autour de vous et gardez le grand chemin de manière à ce que personne ne passe, tandis que, par une route détournée, j’irai chercher mon frère. »

Tchéou-Tsang obéit ; Yun-Tchang et Sun-Kien, continuant leur marche, arrivèrent devant la ville de Ky-Tchéou, c’est-à-dire, sur la frontière des provinces soumises a Youen-Chao. « Général, dit alors Sun-Kien, cherchez par ici un asile ; pendant ce temps, j’irai voir notre maître sur le territoire voisin et préparer avec lui les moyens de l’arracher de ce pays. »

À la gauche du chemin, Yun-Tchang découvrit une maison de campagne à la porte de laquelle il frappa seul ; le maître du lieu vint le recevoir poliment et, après l’avoir entendu décliner ses noms, répondit  : « Je me nomme Kouan-Ting ; depuis bien longtemps, général, vos exploits me sont connus ; aujourd’hui qu’il m’est donné de vous contempler en face, il me semble que

  1. Voir plus haut, page 247.