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éblouir par ses mauvaises excuses !.... — En sortant de Hia-Pey après sa défaite, reprit Kan, que pouvait-il faire ? — Mourir, mourir plutôt que se déshonorer !... Tu t’es soumis à Tsao et tu reparais effrontément devant mes yeux. — Frère, dit Yun-Tchang, cesse de m’accuser ainsi ! — Il est venu jusqu’ici tout exprès pour vous chercher, » ajouta Sun-Kien.

« Vaines paroles, cria Tchang-Fey d’une voix irritée ; ah ! il a de bonnes intentions ! oui, il vient ici, j’en suis sûr, tout exprès pour me combattre (d’après les ordres de Tsao) ! — Si tel eût été mon dessein, interrompit le héros, j’eusse au moins amené des soldats avec moi ! » Tchang-Fey, à ces nots, fit un geste qui signifiait  : « Les voila qui viennent, tes soldats !.. » Et Yun-Tchang ayant tourné la tête, aperçut à l’horizon un tourbillon de poussière ; en effet, des troupes arrivaient, portant au milieu d’elles la bannière de Tsao. « Ah ! reprit Tchang-Fey, transporté de fureur, combattons !... — Frère, calme-toi, dit le héros ; tu vas me voir décapiter le chef de cette troupe, et tu jugeras alors de la sincérité de mes intentions. — Si tes intentions sont sincères, répliqua Tchang-Fey, il faut qu’au troisième coup que je frapperai sur le tambour, tu abattes le commandant de cette division. »

Déjà elle était rangée en bataille ; au pied de la bannière paraissait le commandant, à cheval, le sabre en travers sur la selle ; Yun-Tchang, en le voyant, rajuste sa cuirasse, fouette son coursier, et s’élance hors des rangs pour lui demander son nom. « Je suis Tsay-Yang, répond le général ; toi, tu es l’assassin de mon neveu Tsin-Ky, tu t’es réfugié ici après ton crime ; mais j’ai obtenu de son excellence l’ordre de te poursuivre, et si je puis te prendre, le titre de prince de Chéou-Ting (que tu portais) sera ma récompense ! »

Le tambour a retenti ; c’est le signal du combat. Déjà Yun-Tchang a joint son adversaire ; le premier choc durait encore qu’il avait abattu la tête de Tsay-Yang. Les soldats s’étant retirés en désordre, le héros les poursuit et fait prisonnier le porte-étendard du détachement. Son premier soin fut de questionner le captif, qui lui répondit  : « Instruit du meurtre de son neveu,