Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en faisant entendre sa voix pareille au bruit de la foudre ; HéouTun s’élança vers lui.

« Yun-Tchang, cessez de combattre ! » s’écria derrière eux un quatrième émissaire qui arrivait au galop. Tous regardent. ; c’était Tchang-Liéao[1]. Les deux champions lèvent leurs armes, et l’officier s’approchant d’eux, annonce que le ministre Tsao ayant appris la mort du commandant du premier passage (Kong-Siéou), en avait conclu que Yun-Tchang éprouverait des obstacles sur sa route : « C’est pour les lever, ajoutait-il, qu’il m’a chargé de venir ici. »

« Tsin-Ky était le neveu de Tsay-Yang que j’estime grandement, répliqua Héou-Tun, que j’ai moi-même présenté a son excellence comme un homme capable ; Tsay-Yang m’avait confié ce jeune fils de sa sœur, et vous dites que ce fugitif n’a commis aucune faute en le tuant de sa main ! Non ; cela ne peut être admis ! »

« Quand je verrai Tsay-Yang, je lui expliquerai l’affaire, répondit Tchang-Liéao ; son excellence, dans sa générosité, permet à ce général de se retirer et vous ne devez pas aller contre les nobles intentions de son excellence. »

La-dessus, Hia-Héou-Tun rappela ses soldats ; T’chang-Liéao ayant demandé au héros vers quel lieu il dirigeait ses pas, celui-ci répliqua : « Mon frère aîné n’est plus auprès de Youen-Chao et je le cherche sous la voûte des cieux[2]. — Si vous ne savez où le rejoindre, que ne revenez-vous auprès du premier ministre ? — Je lui ai fait mes adieux ; serait-il raisonnable de retourner vers lui ? Allez, allez à la capitale et excusez mes fautes près de son excellence. »

Après avoir ainsi parlé, Yun-Tchang rejoignit le char et raconta ce qui venait de se passer à Sun-Kien. Ils marchèrent ainsi pendant une journée; mais une pluie abondante ayant gâté

  1. Officier au service de Tsao-Tsao, ami de Yun-Tchang ; voir plus haut, livre V, chap.V ; et livre VI, chap. II.
  2. Littéralement  : sous le ciel, c’est-à-dire dans l’Empire et par suite à travers le monde, au hasard, l’Empire étant le monde des Chinois.